Amazonie : l’accaparement des terres bientôt légalisé au Brésil ?

Amazonie : l’accaparement des terres bientôt légalisé au Brésil ?

Un projet de loi au Brésil visant à régulariser l’accaparement des terres menace à un degré sans précédent l’intégrité des forêts amazoniennes, et donc notre avenir à tous et à toutes. Le WWF appelle la communauté internationale à manifester haut, fort et urgemment son ferme désaccord face à cette nouvelle attaque qui pourrait s’avérer dramatique pour l’Amazonie, ses habitant·es, et la planète en général.

La succession de phénomènes climatiques extrêmes à travers le monde ces dernières semaines nous confirme chaque jour davantage qu’il est urgent que nous prenions les mesures nécessaires pour faire face aux effets du changement climatique. En cela, la préservation de la forêt amazonienne, qui représente 50 % des forêts au monde, est indispensable pour l’avenir de la planète.

Pourtant, le 3 août dernier, un texte de projet de loi (N°2633) destiné à régulariser le statut de terres publiques occupées illégalement, y compris en Amazonie, a été approuvé par la Chambre des députés au Brésil. À 296 voix contre 136, soutenu par l’administration du président brésilien Bolsonaro, ce projet de loi constitue une menace politique sans précédent pour l’Amazonie. On estime en effet que 14 % de la forêt amazonienne brésilienne – soit la superficie de l’Espagne et du Portugal réunis – sont considérés comme des terres publiques, c’est-à-dire non classées comme zones protégées. Et plus de 18 millions d'hectares de ces terres sont illégalement revendiqués comme propriétés privées, le nombre de revendications ayant bondi de 232 % depuis 2016.

Un projet de loi qui validera l’exploitation illégale de la forêt

Si le projet de loi validant l’accaparement des terres par des exploitants est approuvé par le Sénat brésilien, les exploitations actuelles seront légalisées. À l’avenir, la loi permettra aussi à d’autres exploitants d’accaparer des terres afin de les privatiser. De nombreuses communautés autochtones se verront ainsi privées de leur droit fondamental de gérer leurs terres ancestrales. Depuis que Jair Bolsonaro a accédé à la présidence en 2019, l'Amazonie subit des attaques sans précédent. En démantelant les structures d'inspections et de contrôles environnementaux, le président a montré son soutien à tous les types d'activités illégales dans la forêt – de l'exploitation minière aux incendies criminels en passant par des attaques envers les communautés autochtones.

Qui peut s’opposer à ce projet de loi ? Un homme : Rodrigo Pacheco

Alors que la déforestation a atteint de nouveaux records en 2020 et que la forêt amazonienne approche le point de non-retour où elle produira plus de CO2 qu’elle ne pourra en absorber, seul le président du Sénat brésilien, Rodrigo Pacheco, est à même de s’opposer à cette destruction institutionnalisée de l’Amazonie. Au travers d’une vidéo, le WWF appelle la communauté internationale à s’exprimer clairement et sans équivoque contre l'accaparement des terres et à enjoindre le sénateur Pacheco à se positionner contre ce projet de loi. La date à laquelle le Sénat examinera le projet de loi est pour le moment encore inconnue, mais nous vous tiendrons informé·es de l’évolution de la situation.

L’Amazonie et d’autres écosystèmes menacés ont besoin des politicien·nes aux quatre coins du monde afin de mettre en place des politiques efficaces pour les protéger. Voilà pourquoi le WWF demande à la Commission européenne de créer une législation forte contre la déforestation importée en Europe. #together4forests.