Dauphins rose, sentinelles des rivières

Dauphins rose, sentinelles des rivières

Dauphins rose, sentinelles des rivières 

En Amérique du Sud, nos équipes se concentrent tant sur la protection des forêts que des rivières. En connaître l’état est crucial pour savoir où concentrer les efforts de protection. Pour cela, il faut suivre les populations de prédateurs : s’ils vont bien, c’est que le reste de la chaîne alimentaire se porte bien. Une équipe est donc partie compter le nombre d’une espèce peu connue : le dauphins rose. 

Le dauphin de rivière est un habitant des rivières exigeant en Amérique du Sud. Pour survivre et se reproduire, il lui faut une excellente qualité d’eau, mais aussi une grande diversité de proies. Bref, un écosystème en bonne santé. Là où le dauphin prospère, toutes les autres espèces marines prospèrent également. 

Ils sont donc d'excellents bio-indicateurs de l'état de santé des écosystèmes aquatiques où ils sont répartis. Protéger leur domaine vital, c'est protéger l’écosystème dans son ensemble. 

En effet, en tant que grands prédateurs, ces dauphins se situent au sommet de la chaîne alimentaire. S’ils venaient à disparaître, tout l’habitat en serait bouleversé. Les proies augmenteraient, et d’autres prédateurs pourraient voir leur source de nourriture diminuer.  

Étant donné l’importance de ce cétacé pour son milieu, il est crucial de comprendre l’abondance et de sa population et de suivre les tendances. Cela permet de savoir où sont les endroits les plus stratégiques et urgents à préserver. 

Expédition comptage de dauphin rose 

Bien qu’exigeants, ces cétacés trouvent refuge dans une grande variété d’écosystèmes dans les bassins de l’Amazone et de l’Orénoque. Ils vivent tant dans les rivières que dans les confluents, les affluents, et même les lacs.  

Cela fait des années que les dauphins rose sont donc les protagonistes de nos recensements. Ces dernières années, 50 expéditions ont déjà été réalisées dans six pays d’Amérique du Sud ! Une activité où 400 chercheurs et chercheuses se sont relayés pour plus de 48 000 km de rivière parcourus.  

Placer un émetteur sur un dauphin rose, opération délicate 

Les scientifiques ne comptent pas seulement les dauphins sur la rivière : depuis 2017, ils étudient également leurs mouvements par satellite. Cela permet de mieux comprendre leur répartition et leurs migrations.  

Lors de la dernière expédition,  

Le suivi vise à déterminer les zones les plus importantes pour l'espèce.   

La capture en toute sécurité de ces animaux pour leur installer un petit satellite se fait selon un protocole particulièrement exigeant qui donne la priorité au bien-être de l’animal. Aucun dauphin n’est blessé pendant ces opérations. 

ETAPE 1 : les pêcheurs placent des filets gigantesques dans les aires où les dauphins ont été repérés. 

ETAPE 2 : d’autres pêcheurs pénètrent dans l’eau avec de plus petits filets, et ramènent doucement le dauphin sur une civière. 

ETAPE 3 : une fois le dauphin porté jusqu’à la rive, le s vétérinaires et biologistes prennent un ensemble de mesures et d’échantillons. 

ETAPE 4 : les scientifiques attachent en toute sécurité l’émetteur à l’aileron. Cette fixation est similaire à un piercing dans l’ongle. 

ETAPE 5 : le dauphin de rivière est relâché dans l’eau dès que possible.  L’émetteur envoie la localisation au moins une fois par jour, et ce pendant environ six mois.  C’est en effet le temps qu’il faut pour que l’aileron repousse et que l’émetteur tombe naturellement. 

L’Amazonie est l’un des derniers bastions du monde pour les rivières sauvages. Mais la région fait face à de nombreuses menaces. Un développement non durable, qui se traduit par des barrages mal planifiés, de la déforestation et de la pollution par le mercure provenant des exploitations minières met en péril les rivières… Et toute la vie qui en dépend.  

Ces populations de dauphins sont encore fortes, et leurs habitats sont en relativement bon état. Si nous répondons aux menaces maintenant, nous pouvons assurer un avenir pour tous. 

Rendez-vous l’année prochaine 

Cette année-ci, pour la première fois, l’Équateur et le Pérou désiraient prendre part à ces recherches satellites. L’une des expéditions consistait donc à installer des petits satellites sur plusieurs dauphins. Malheureusement, les cinq tentatives réalisées sur trois jours ont échoué. Les dauphins capturés ont systématiquement réussi à s’échapper par le fond. La conservation est toujours une promesse de moyens, mais pas toujours de résultat. Il faut l’accepter ; l’année prochaine, les leçons tirées de cette année serviront à augmenter les chances de réussite.