Déforestation : une proposition de loi inédite va être présentée cette semaine par la Commission européenne

Déforestation : une proposition de loi inédite va être présentée cette semaine par la Commission européenne

Il y a tout juste un an, un million de personnes réclamaient une loi européenne contre la déforestation importée. Ce mercredi, la Commission européenne s’apprête à présenter une proposition de loi inédite et très attendue dans ce sens. Le WWF appelle les pays membres à prendre leurs responsabilités, alors qu’ils viennent de s’engager à la COP26 à enrayer la déforestation d’ici à 2030. L’Union européenne est le deuxième plus grand importateur de produits issus de la déforestation au monde. Une loi forte doit garantir aux Belges et aux Européen·nes que les produits qu’ils et elles achètent ne soient pas issus de zones déboisées à l’autre bout de la planète.

De nombreux produits du quotidien, que nous achetons régulièrement, contribuent à la déforestation et de façon plus large à la conversion d’écosystèmes naturels. La viande, les œufs et les produits laitiers sont issus d’animaux nourris, pour la plupart, au soja. Sa culture occasionne, par de mauvaises pratiques, la destruction de joyaux de biodiversité comme les forêts naturelles d’Amérique du Sud ou la savane du Cerrado, au Brésil. Il en va de même pour le chocolat fabriqué à base de cacao cultivé en Afrique de l’Ouest au détriment des forêts.

L’Union européenne est le deuxième plus grand importateur de produits issus de la déforestation après la Chine. En 2017, l'UE était responsable de 16 % de la déforestation associée au commerce international de produits agricoles. La Belgique a une lourde empreinte : elle importe à elle seule une grande quantité de produits agricoles et forestiers qui nécessitent d’importantes surfaces de production hors de ses frontières. La surface nécessaire pour produire sept produits de base (soja, cacao, bœuf et cuir, huile de palme, café, hévéa, bois et papier) que la Belgique importe sous forme brute ou transformée est de plus de 10 millions d’hectares chaque année, autrement dit, plus de 3 fois la superficie de notre pays.

Une loi contre la déforestation importée proposée cette semaine

Il y a un an, les citoyen·nes européen·nes s’exprimaient massivement en faveur d’une loi européenne contre la déforestation importée, à l’occasion de la plus grande consultation européenne jamais organisée sur une question environnementale. Un million d’Européen·nnes ont en effet exigé que leurs achats ne soient pas responsables de la déforestation, de la destruction d'autres écosystèmes ou de violations des droits humains. Parmi elles et eux, il y avait au moins 87 000 Belges.

Un an plus tard, la Commission européenne s’apprête, ce mercredi 17 novembre, à présenter cette proposition de loi contre la déforestation importée. Les Etats-membres et le Parlement européen devront alors prendre position avant qu'elle ne soit définitivement votée à l’été de l’année prochaine. Ces derniers mois, le WWF a donné une série de recommandations à la Commission pour une législation efficace et ambitieuse.

Les demandes du WWF

Selon le WWF, il est indispensable que cette loi n’écarte pas seulement la déforestation illégale, mais toute déforestation, même si celle-ci est permise par les lois du pays producteur. Il faut aussi que la loi inclue les autres écosystèmes comme les savanes, les mangroves et les prairies. La savane du Cerrado par exemple, qui occupe plus de 20% du territoire brésilien, abrite la plus grande diversité biologique du monde et est en train de disparaître à un rythme alarmant au profit des pâturages et des monocultures de soja, qui alimentent notamment les marchés européens.

Il est également nécessaire que cette loi cite les produits à risque de déforestation et de conversion d’écosystèmes naturels, en ce compris les produits transformés, sans quoi nous continuerons à importer des produits liés à la déforestation. La loi doit également contraindre toute entreprise plaçant un produit sur le marché européen à vérifier l’origine du champ ou de la plantation d’où provient tout produit placé sur le marché, afin de vérifier qu’il ne soit pas lié à une déforestation récente.

Prendre nos engagements au sérieux

Lors de la COP26 à Glasgow, les dirigeant·es de plus de 100 pays de la planète, dont ceux de l’Union européenne, ont réaffirmé leur engagement à enrayer la déforestation et la dégradation des écosystèmes terrestres d’ici à 2030 pour protéger le climat. Béatrice Wedeux, experte en déforestation et chargée de plaidoyer au WWF-Belgique, explique : « Si les pays de l’Union européenne prennent leur réengagement contre la déforestation au sérieux, ils devront adopter l'année prochaine une législation forte pour bannir les produits issus de zones déboisées. Ainsi, l’Europe ne se fera plus complice des destructeurs de la nature et contribuera plutôt à des modes de production responsables avec des bénéfices pour les humains, la nature et le climat ».

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