Pourquoi les peuples autochtones sont essentiels pour sauver les forêts d’Amérique latine

Pourquoi les peuples autochtones sont essentiels pour sauver les forêts d’Amérique latine

Depuis février, les communautés locales doivent être consultées pour les nouveaux projets pétroliers et miniers en Équateur. Une victoire majeure pour la protection de la nature et des droits des peuples autochtones ! Pour rendre le processus le plus efficace possible, le WWF met en place un projet de sensibilisation et de formation. L’objectif : donner toutes les clés aux communautés pour utiliser au mieux tous les outils légaux à leur portée pour protéger leurs terres.

En plus d’être des alliés indispensables pour protéger l’environnement, les peuples autochtones et communautés locales sont aussi les premiers touchés par la crise climatique et écologique. Face aux projets écocides à grande échelle, en Amazonie ou ailleurs dans le monde, leur voix ne reçoit pas toujours assez d’écho pour protéger leurs forêts. Chaque année, cinq millions d’hectares de forêts sont détruites.

Mais en Équateur, les choses devraient désormais être différentes.

Un arrêt historique en Équateur

En février dernier, la Cour suprême de l’Équateur a rendu un arrêt historique : le gouvernement équatorien doit désormais non seulement consulter les communautés autochtones sur les projets d’extraction sur ou à proximité de leur territoire, mais doivent également recevoir leur consentement explicite de celles-ci.

Cette décision a des effets immédiats et considérables sur les projets miniers et pétroliers dans tout le pays. Et pour cause : les populations autochtones occupent plus ou moins 40 % du territoire équatorien, soit 100 000 km². En plus, cette déclaration arrive dans une période critique : les projets se multiplient, soutenus par le président Guillermo Lasso qui tente ainsi d’éponger la dette gargantuesque de l’Équateur.

Local people

Passer de la théorie juridique à la pratique

Cet arrêt est une excellente nouvelle… Pour autant que toute la communauté concernée se mobilise pour s’opposer à l’unisson contre les projets potentiellement écocides. Et pour cela, un travail de sensibilisation est indispensable.

À la suite de nombreuses discussions avec les communautés locales, le WWF a décidé de lancer un projet de renforcement de la gouvernance territoriale dans trois régions. Il vise à tirer un maximum de bénéfices de la décision juridique. « La communication, c’est fondamental pour l’exercice des droits citoyens des peuples autochtones. Ça génère des connexions au sein de la communauté. Ça stimule aussi les plateformes de dénonciation publique. », explique Maria-Jose Alencastro, gestionnaire pour le WWF-Belgique de nos projets en Amérique latine.

Gouvernance territoriale : une arme pacifique anti-écocide

« Nous ne sommes pas arrivés avec une idée précise en tête. Nous avons pris le temps de dialoguer avec les communautés locales, comprendre leurs besoins précis. Nous les connaissons bien, puisque nous travaillons sur d’autres projets, comme la protection du jaguar ou la plantation de cacao durable. », précise Maria-Jose Alencastro.

Après la compréhension de leurs besoins, il y a eu l’étape test. Car il n’y a évidemment pas de mode d’emploi livré avec un projet innovant comme celui-ci. « On s’est rendu compte à quel point les jeunes étaient intéressés par le sujet. On les a par exemple aidés à réaliser des reportages, on leur a fourni le matériel. C’était très enthousiasmant. Maintenant, il s’agit de réaliser ce projet à plus grande échelle. »

WWF en action dans trois zones clés en Équateur

En Équateur, le WWF est actif dans trois zones différentes : Cuyabeno, Choco-Darien, et le paysage de Pastaza. Si toutes vont bénéficier de ce projet, les défis auxquels les communautés de ces régions font face ne sont pas les mêmes.

À Cuyabeno par exemple, les populations locales vivent déjà sur des territoires protégés. Ils ne craignent donc pas pour leurs terres, mais bien pour les terres contiguës. Là, des projets pétroliers se dessinent, bien que rien de concret n’ait encore été annoncé.

Cuyabeno
Paysage de Cuyabeno

Dans le territoire Achuar, le défi est de taille : non seulement les terres n’ont pas le statut d’aire protégée, mais le gouvernement y est particulièrement réfractaire. Et pour cause : des projets miniers se profilent dangereusement.

Enfin, dans la partie Chocó-Darién, une forêt humide à la biodiversité riche, plusieurs projets qui menacent l’environnement sont déjà implantés. La pollution de l’eau a déjà contaminé une partie de l’écosystème. Là, les risques sont donc déjà présents ; et la forêt perd constamment du terrain. Raison de plus pour donner aux populations locales toutes les clés pour protéger les terres encore intactes à l’avenir.

Peuples autochtones, meilleurs gardiens de la Terre

L’année passée, un rapport rédigé par plusieurs ONG, dont le WWF, donnait une base scientifique au constat suivant : les peuples autochtones sont les meilleurs gardiens de la Terre. La conclusion était que la quasi-totalité des terres gérées par les communautés locales ou indigènes sont en bon état écologique.

Nous parlons d’au moins 36 % des habitats les plus importants de la biodiversité mondiale. Citons comme exemple le bassin du Congo ou l’Amazonie. « Nous ne pourrons pas gagner le combat contre la perte de biodiversité et la crise climatique sans un partenariat étroit avec les communautés autochtones et locales », affirmait la Princesse Esmeralda de Belgique, Ambassadrice d’honneur du WWF-Belgique.

« Au-delà de les considérer comme des alliés indispensables, nous devons également protéger les droits et l’existence même des peuples premiers. Particulièrement affectés par la crise climatique et écologique en raison de leur mode de vie en symbiose avec les écosystèmes dont ils dépendent pour leurs ressources et leur culture, ils sont aussi en première ligne pour défendre leurs terres et par conséquent subissent violence et agression. », ajoutait la Princesse.

Jaguar

Aujourd’hui, l’Équateur bénéficie de l’une des décisions juridiques les plus puissantes du monde.

Si la décision démontre de beaux résultats, il s’agira d’un précédent qui ne peut qu’ouvrir des perspectives enthousiasmantes pour un plus bel avenir. Non seulement pour les droits des peuples autochtones, mais aussi pour la protection des écosystèmes parmi les plus riches de la planète.

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