Une cargaison record de soja entre en Europe alors que la déforestation au Brésil grimpe en flèche

Une cargaison record de soja entre en Europe alors que la déforestation au Brésil grimpe en flèche

Le « Pacific South », un navire cargo contenant plus de 100 000 tonnes de soja - la plus grande cargaison de soja jamais entrée dans l'UE - vient d'accoster à Amsterdam. La marchandise, en provenance du Brésil, servira en grande partie à nourrir les animaux d’élevage mais elle présente un haut risque de déforestation. Les consommateurs belges et européens consomment involontairement des produits animaliers responsables de la destruction des forêts. Le WWF demande une législation contraignante pour empêcher les produits responsables de la déforestation d’entrer dans l’Union Européenne.

 

Un navire cargo contenant plus de 100 000 tonnes de soja - la plus grande cargaison de soja jamais entrée dans l'UE - vient d'accoster à Amsterdam. Le "Pacific South", qui a quitté le Paraná, au Brésil, contient du soja cultivé sur environ 40 000 hectares - soit l'équivalent de plus de 80 000 terrains de football - de terres qui étaient autrefois des forêts ou des prairies. Ces terres ont depuis lors été défrichées pour des cultures produisant des denrées souvent destinées au marché de l'UE, dont une grande partie est utilisée comme aliments pour animaux.

S'il est possible qu'une grande partie du soja provienne de terres qui ont été défrichées il y a longtemps, les Européens ne peuvent pas être certains que les exportations de soja vers l'UE ne sont pas liées à la récente déforestation ou à la conversion des écosystèmes. Il n'existe actuellement aucune législation européenne garantissant que les importations de soja et autres matières premières sont exemptes de déforestation, ce qui signifie que les consommateurs européens risquent involontairement de consommer des produits qui contribuent à la destruction des forêts tropicales, des savanes et des prairies.

Quelle responsabilité pour la Belgique ?

Selon notre étude sur la déforestation importée, la Belgique a une empreinte gigantesque en-dehors de ses frontières. Notre pays importe en moyenne 2,5 millions de tonnes de soja par an, dont 64% issues de terres qui présentent un haut risque de déforestation, avec en tête le Brésil (651 000 ha), l’Argentine (525 000 ha) et le Paraguay (111.000 ha). En 2018, 36% du soja utilisé pour nourrir les animaux d'élevages en Belgique portait une certification de durabilité contre 48% en 2013.

Béatrice Wedeux, responsable de la politique forestière au WWF-Belgique : « Sans le savoir, les Belges consomment de la viande et des produits laitiers issus d'animaux nourris au soja cultivé sur des terres déboisées au Brésil. L'UE ne dispose d’aucune restriction pour prévenir l’importation de soja issu de zones déboisées. La destruction des écosystèmes naturels émet des quantités considérables de CO2 et a un impact énorme sur la biodiversité de notre planète et sur sa capacité à lutter contre le changement climatique. Nous avons besoin d'une législation européenne forte pour fermer le marché européen du soja qui détruit la nature. La Belgique doit soutenir cette future loi".

Après la Chine, l'UE est le deuxième marché mondial de produits à risque de déforestation. Bien que l'UE importe moins de soja que la Chine, des études montrent que ses importations de soja présentent un risque plus élevé d'être liées à la déforestation.

Cet été, la Commission européenne ouvrira une consultation publique sur une nouvelle loi visant à empêcher les produits liés à la déforestation d'entrer sur le marché de l'UE.