Les entreprises belges ne soutiennent pas pleinement l'huile de palme durable, selon le nouveau baromètre du WWF

Les entreprises belges ne soutiennent pas pleinement l'huile de palme durable, selon le nouveau baromètre du WWF

Onze entreprises belges figurent dans le baromètre. Aucune n’atteint le haut du classement (Leading the way). Vandemoortele et Lotus se classent dans le groupe des avancés (Well on the path). La majorité des entreprises belges se situent à mi-chemin en matière d’huile de palme durable (Middle of the path) : les fabricants Royale Lacroix, Lutosa et Aigremont y côtoient les supermarchés du Colruyt Group, mais aussi les enseignes de grande distribution Carrefour et Delhaize. En fin de classement, Puratos, Wouters et les boulangeries La Lorraine sont clairement à la traîne (Lagging behind) sur la durabilité de leur huile de palme. Notons que deux entreprises belges (Culinor et les supermarchés Louis Delhaize) n’ont pas répondu aux sollicitations du WWF. Selon Béatrice Wedeux, experte forêts au WWF-Belgique : « Nous avons placé la barre plus haut pour les entreprises en leur demandant de prendre des mesures proportionnées et accélérées en réponse aux défis environnementaux et climatiques croissants. Chaque entreprise belge a des points à améliorer urgemment, soit dans l’achat d’huile de palme 100% durable et traçable, soit pour jouer un rôle positif au-delà de sa propre chaîne d’approvisionnement. Les entreprises en tête du classement montrent que c’est réalisable. »

Les critères évalués par le WWF correspondent largement à ceux que la plateforme d’entreprises Belgian Alliance for Sustainable Palm Oil s’est fixé volontairement pour 2020. Le Palm Oil Scorecard suggère que les membres du BASP ne répondent qu’en partie sont à la traîne dans leurs engagements et leurs actions sur l'huile de palme durable allant au-delà de la certification. Sur les 7 sociétés membres de la BASP inclues dans le Palm Oil Buyers Scorecard 2019, seul Ferrero est en tête en matière d'huile de palme durable en se classant dans les 10% supérieurs.

Béatrice Wedeux rajoute : « La nature étant soumise à une pression sans précédent, gouvernements, entreprises et consommateurs doivent agir ensemble en 2020 pour mettre fin à l’impact destructeur de notre consommation sur la nature. » Face aux manquements des engagements volontaires des entreprises et à la crise de la biodiversité, le WWF plaide en faveur de l’introduction rapide d’une nouvelle législation européenne garantissant que les produits introduits sur le marché européen ne soient pas liés à la déforestation ni à la destruction d’écosystèmes naturels. D’ailleurs, il s’agit d’une des mesures de l’European Green Deal, présenté par la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen.

Pour plus d'informations :

La Palm Oil Buyers Scorecard 2019 peut être consultée et téléchargée sur palmoilscorecard.wwf.panda.org. Le profil de performance complet de chaque entreprise évaluée est partagé sur le site web, ainsi que des tableaux détaillés et filtrables montrant les performances des entreprises par rapport aux autres entreprises de leur secteur.

Notes :

Les plantations de palmiers à huile, principalement dans les zones tropicales basses du sud-est de l'Asie, mais de plus en plus en Afrique et en Amérique latine, produisent 65 pour cent de l'huile végétale commercialisée dans le monde.  L'huile de palme est un ingrédient clé dans de nombreux aliments, cosmétiques, savons et détergents et est de plus en plus utilisée comme agrocarburant. Selon l'UICN, la demande globale d'huile végétale devrait doubler d'ici 2050. Cela comprendra une augmentation de la demande d'huile de palme, actuellement l'huile végétale la plus populaire au monde. Lorsqu'elle est produite de manière non durable, l'huile de palme exerce une pression sur les forêts tropicales et la biodiversité, risquant d'entraîner des niveaux dangereux d'émissions de gaz à effet de serre provenant des tourbières tropicales et d'accroître les conflits communautaires. Mais ce n'est pas forcément une fatalité que l'industrie se développe ainsi. La Table ronde pour une huile de palme responsable (RSPO) montre que l'huile de palme peut se développer de manière plus responsable. Une mesure essentielle que les enseignes de grande distribution et les fabricants peuvent prendre est de se joindre à la RSPO et d'acheter uniquement de l'huile de palme durable certifiée par la RSPO.

Le cheminement vers une huile de palme plus durable ne s'arrête pas à la RSPO. D'autres outils sont nécessaires pour que l'industrie de l'huile de palme soit responsable et sans déforestation ni conversion. Les systèmes de certification volontaire comme la RSPO doivent être complémentés par des mesures comme l'application efficace des lois, la planification durable et transparente de l'utilisation des terres, les approches juridictionnelles, le développement de critères de financement et d’investissement et l'éducation des consommateurs.

Les données de la Palm Oil Buyers Scorecard ont été fournies à la RSPO ou au WWF par les entreprises évaluées et ont été vérifiées au mieux de nos capacités. Entre-temps, les informations sur les chaînes d'approvisionnement en huile de palme des entreprises sont basées sur des déclarations des entreprises à la RSPO et n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante. Le WWF encourage les consommateurs, les entreprises et les investisseurs à lire, examiner et partager les informations afin d'aider à construire une culture de transparence autour de l'utilisation de l'huile de palme par les entreprises.

Le WWF donnera aux entreprises la chance de démontrer qu'elles prennent les mesures qui s'imposent lorsqu'il publiera une nouvelle édition de la Palm Oil Buyers Scorecard à la fin de 2020.

En 2020, nous avons une occasion incroyable de prendre un engagement mondial ambitieux pour restaurer la nature : un New Deal pour la nature et les hommes. Le New Deal vise à protéger et à restaurer la nature au profit des populations et de la planète - en proposant de ne plus perdre d'espaces naturels ni de les exterminer et de réduire de moitié les impacts écologiques négatifs de la production et de la consommation. Cela nous permettra de fournir suffisamment de nourriture et d'eau à une population mondiale qui atteindra neuf milliards de personnes dans les décennies à venir, de soutenir les efforts visant à créer un climat stable et d'empêcher une extinction massive de la faune et de la flore. La première étape consistera à travailler avec les chefs de gouvernement pour s'assurer de leur soutien à un New Deal. Cela doit être suivi par des engagements et des mécanismes de mise en œuvre renforcés pour la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, parallèlement à un engagement renforcé du secteur privé à agir - et ensuite par un énorme travail continu au cours de la prochaine décennie. Parallèlement, nous devons redoubler d'efforts pour mettre en œuvre les accords actuels des Nations Unies sur la lutte contre le changement climatique et l'encouragement du développement durable - le sort du climat, le développement humain et la nature sont liés.